- misère
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1 ♦ Vieilli ou littér. Sort digne de pitié; malheur extrême. ⇒ adversité, détresse, infortune, malheur. La misère des temps. Malade sur son lit de misère. Collier de misère. Quelle misère ! — Interj. Misère ! ⇒ malheur.2 ♦ Une, des misères. Ce qui rend le sort digne de pitié; événement malheureux, douloureux, pénible. ⇒ calamité, 2. chagrin, disgrâce, malheur, peine. « Toutes nos misères véritables sont intérieures et causées par nous-mêmes » (France). Compassion aux misères d'autrui : miséricorde. Misères physiques. Les misères de l'âge. ⇒ incommodité. Petites misères. ⇒ ennui.♢ Par exagér. Faire des misères à qqn, le tracasser, le taquiner. ⇒ malice, méchanceté, mistoufle, taquinerie.3 ♦ Myst. Se dit de la condition de l'homme, de son néant. ⇒ bassesse, faiblesse, impuissance. Misère de l'homme sans Dieu, selon Pascal.4 ♦ Extrême pauvreté, pouvant aller jusqu'à la privation des choses nécessaires à la vie. ⇒ besoin, dénuement, gêne, indigence, pauvreté; fam. débine, dèche, mistoufle, mouise, panade, purée. Être, tomber dans la misère (cf. Être sur la paille, tirer la langue). Réduire qqn à la misère. Misère noire. Misère dorée, cachée par une apparence d'aisance. Loc. Crier, pleurer misère : se plaindre de sa pauvreté. « Le boucher vaquait à ses occupations tout en pleurant misère » (Mac Orlan). — De misère : misérable. Un salaire de misère.5 ♦ Méd. Misère physiologique : état d'une personne gravement sous-alimentée. ⇒ dénutrition.♢ État d'une personne souffrant d'un manque, d'une insuffisance. La misère sexuelle.6 ♦ Rare Caractère de ce qui est digne de mépris; insignifiance.♢ Une misère : chose de peu d'importance, de peu de valeur. ⇒ babiole, bagatelle, vétille. « Son appartement ne lui coûtait que six cents francs par mois. — Une misère, dit-il » (Balzac).7 ♦ Chose moralement mesquine, vile. « Que de misères mises au jour » (Marivaux).8 ♦ Cour. Tradescantia (plante).⊗ CONTR. Bonheur, félicité, grandeur. Abondance, bien-être, fortune, opulence, richesse. Importance; noblesse.Synonymes :- calamité- épreuveContraires :- délices- joie- plaisir- prospéritéÉtat d'extrême pauvreté, indigenceSynonymes :- besoin- dèche (populaire)- gêne- impécuniosité- mouise (populaire)- purée (populaire)Contraires :- aisance- luxe- opulence- richesseChose peu importante, sans valeurSynonymes :- bricole- foutaise (populaire)- futilité- rien- vétillemisèren. f.rI./rd1./d état d'extrême pauvreté. Au comble de la misère. Misère noire, totale. Syn. indigence.|| Crier misère: (personnes) proclamer sa pauvreté; (choses) être le signe d'un grand dénuement. Son vieux manteau crie misère.|| (Québec) Fam. Manger de la misère: V. manger.d2./d état, condition malheureuse, pitoyable. La misère du temps.d3./d Faiblesse, impuissance de l'homme, néant de sa condition. Tout ici-bas n'est que misère et vanité.d4./d Chose pénible, douloureuse. C'est une misère de le voir ainsi diminué!|| (Plur.) Peines, ennuis. Raconter ses petites misères. Syn. malheurs.— Faire des misères à qqn ou (Belgique) chercher misère à qqn, l'ennuyer, lui créer du souci, lui apporter des problèmes.d5./d Chose insignifiante. Se quereller pour une misère. Syn. bagatelle, vétille.d6./d Loc. (Québec) Avoir de la misère à, de la difficulté. La vieille a de la misère à monter l'escalier.rII./r BOT Nom cour. de plantes monocotylédones (genre Tradescantia) ornementales à croissance rapide, vivaces, à tiges retombantes.I.⇒MISÈRE1, subst. fém.A. — 1. Vx, littér. Condition pénible de nature physique, matérielle ou morale, susceptible d'inspirer la pitié. Synon. détresse, infortune, malheur. Il [l'homme] apprit à distinguer les plantes utiles des nuisibles, à combattre les élémens, à saisir une proie, à défendre sa vie; et il allégea sa misère (VOLNEY, Ruines, 1791, p.43):• 1. Si misérable qu'il se connût, il se connaissait pourtant supérieur à ceux-là qui avaient préféré la plume d'oie de l'écrivain à la palme du martyr. Car dans sa misère la plus grande, il portait encore le germe de la vie, au lieu que les autres, dans leur grandeur, portaient le germe de la mort.PSICHARI, Voy. centur., 1914, p.54.— [Sous forme d'exclam.] Misère! Misère de moi Et, bien malgré moi, misère du bon Dieu! Je suis nommé maire au premier tour de scrutin, avec une écrasante majorité!! (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1896, p.264). Est-ce que je pouvais me douter qu'un jour... Misère de misère... D'autant qu'on ne sait jamais avec ces galopins (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p.1399).2. RELIG. État de faiblesse de l'être humain. Ce dialogue est un véritable poëme lyrique entre le prêtre et le cathécumène; le premier, plein de jours et d'expérience, gémissant sur la misère de l'homme (CHATEAUBR., Génie, t.2, 1803, p.303). L'histoire du Christ est la preuve expérimentale que la misère humaine est irréductible (S. WEIL, Pesanteur, 1943, p.123):• 2. Le Christ de Pascal n'a pas su racheter le monde, lequel, s'il en fallait croire les Pensées, attesterait, aujourd'hui encore, par une misère sans nom, soit le venin tenace de la blessure originelle, soit la nécessité persistante d'un «Réparateur».BREMOND, Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.399.3. Ce qui rend une condition pénible, difficile:• 3. À lire la description de cette maison légendaire, on pourrait croire que les menues et grandes misères de la vie lui étaient épargnées par l'effet d'une bénédiction nominale, et ce serait une erreur.DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.126.— Loc., région. (Ouest, Canada). Avoir de la misère à. Avoir de la peine à. Ils ont chaviré un des canots à la descente en sautant un rapide et nous avons eu de la misère à repêcher les pelleteries (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p.84). Sans misère. Sans difficulté. Parlez-moi d'un thé assez fort qu'il porte la hache, sans misère (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p.12).— Le plus souvent au plur.♦(Petites) misères. Ennuis de santé, douleurs physiques. Toutes ces misères de santé sont un des plus grands chagrins de la vie (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1854, p.221). Vous ne savez pas quelles misères nous avons subies, nous sommes tous malades (SAND, Hist. vie, t.2, 1855, p.218). L'hystérie, la suggestion, tout le cortège des misères nerveuses (CUREL, Nouv. idole, 1899, I, 6, p.182).Lit de misère. ,,Lit où l'on étend une femme qui va accoucher ou un malade`` (Lar. 19e).Souffrances morales. Ajoutez à nos misères morales les massacres de la Pologne, la guerre d'Amérique, etc. (FLAUB., Corresp., 1863, p.112). Ceux qui voyagent sans repos, ceux qui errent solitaires (...) ceux-là connaissent la périodicité, le retour normal des crises de misère morale, la maladie de l'isolement (COLETTE, Music-hall, 1913, p.99).Faire des misères à qqn. Causer des ennuis à quelqu'un. — Vous avez donc fait des misères au jeune vicomte? — Non, dit-elle en jetant un regard à la dérobée sur Rodolphe (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p.290).Région. (Belgique). Chercher misère à qqn. ,,Faire des misères à quelqu'un`` (BAET. 1971, p.397). Att. aussi en Lyonnais.B. — 1. Extrême pauvreté. Synon. besoin, dèche (pop.), mouise (pop.), pénurie; anton. aisance, luxe, richesse. Tomber, vivre dans la misère; réduire qqn à la misère; plonger qqn dans la misère; sortir qqn de la misère. Son but [à l'héroïsme moderne], qui est la découverte du vrai et la diminution de la misère universelle (LEMAITRE, Contemp., 1885, p.62). La misère prolétarienne a cessé, pour un temps, d'être cette évidence massive, flagrante, universelle, qui avait assiégé notre jeunesse de sa clameur et de son objurgation (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p.173):• 4. Marius depuis cinq ans avait vécu dans la pauvreté, dans le dénuement, dans la détresse même, mais il s'aperçut qu'il n'avait point connu la vraie misère (...) qui n'a vu que la misère de l'homme n'a rien vu, il faut voir la misère de la femme; qui n'a vu que la misère de la femme n'a rien vu, il faut voir la misère de l'enfant.HUGO, Misér., t.1, 1862, p.882.— Misère noire. Le coron tombait à la misère noire (ZOLA, Germinal, 1885, p.1354).— Misère dorée.— MÉD. Misère physiologique. ,,État d'amaigrissement extrême par dénutrition générale`` (CARR.-DESS. Psych. 1976).— Locutions♦avec valeur d'adj. De misère. Misérable. Maurice de Fleury vient me voir, au moment de partir pour contracter un mariage de misère à Bordeaux (GONCOURT, Journal, 1888, p.750). Nous avons toujours tout payé en monnaie de misère (CAMUS, État de siège, 1948, 3e part., p.276).♦Crier, pleurer misère. Se plaindre. Sa femme est venue crier misère chez moi lundi dernier (FLAUB., Corresp., 1865, p.24). Elle est gentille, maman Coupeau, de pleurer misère partout! (ZOLA, Assommoir, 1877, p.522).2. P. méton., littér. Ensemble des miséreux. La misère invente et la propriété recueille (PROUDHON ds Lar. Lang. fr.).3. Au fig. Indigence dans le domaine de l'esprit. Tout alla bien jusqu'au dessert, la misère des propos ne gênant personne (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p.326). Au cours de ce siècle (...) on n'a pas vu une période d'une misère intellectuelle comparable à celle que pour l'instant nous vivons (BARRÈS, Cahiers, t.1, 1897, p.158):• 5. C'est cette pauvreté, cette misère spirituelle et cette richesse temporelle qui a tout fait, qui a fait le mal.PÉGUY, Notre jeunesse, 1910, p.136.C. — Caractère de ce qui est digne de mépris, et p. méton., chose de peu d'importance. Synon. bagatelle, broutille (pop.), foutaise (pop.), futilité, vétille. L'éternelle misère de tout. La question argent n'est-elle pas une misère, un rien dans ces grands rouages préparés? (BALZAC, Contrat mar., 1835, p.356). Je viens seulement parler à (...) Kean d'une affaire de théâtre, une misère, rien du tout (DUMAS père, Kean, 1836, III, tabl. 3, 9, p.147). Misères que le papier, l'encre, le verbe, la cadence. Ces riens plus durables que l'essentiel (VALÉRY, Tel quel I, 1941, p.203).REM. -misère, élém. de compos. V. cache-misère, pleure-misère, traîne-misère.Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694 et 1718: -se-; 1740: -sé-; dep. 1762: -sè-. Étymol. et Hist. 1. a) 1re moitié du XIIe s. miserie «malheur, disgrâce, état malheureux» (Psautier Oxford, 39, 2 ds T.-L.); ca 1165 misere (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 25073, ibid.); b) 1690 collier de misère (FUR); c) 1849 misère de moi! (FLAUB., Tentation, p.481); 2. a) début XIVe s. «souffrances physiques» (GUILLAUME DE SAINT-PATHUS, Miracles de Saint Louis, éd. Percival B. Fay, LII, 39); b) 1798 lit de misère (Ac.); 1868 faire des misères à qqn (LITTRÉ); 3. ca 1460 «la faiblesse et le néant de l'homme» (CHASTELLAIN, Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t.1, p.2); 4. a) 1611 «extrême pauvreté, privation des choses nécessaires à la vie» (COTGR.); b) 1676 crier misère (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettre à Mme de Grignan, 21 juin ds Lettres de Mme de Sévigné, éd. Ad. Régnier, t.4, p.498); 5. av. 1710 «les gens qui sont dans la misère» (FLÉCHIER, Aiguillon ds LITTRÉ); 6. a) 1677 «action, chose moralement petite» (Mme DE SÉVIGNÉ, op. cit., 22 oct., éd. citée, t.5, p.374); b) av. 1719 «bagatelle, chose de peu d'importance» (Mme DE MAINTENON, Lettre à M. d'Aubigné ds LITTRÉ). Empr. au lat. miseria «malheur, adversité, souci, peine», dér. de miser «misérable, malheureux». Fréq. abs. littér.:6902. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 9558, b) 11598; XXe s.: a) 12185, b) 7653. Bbg. DUB. Pol. 1962, p.344. — QUEM. DDL t.1, 2, 6.
II.⇒MISÈRE2, subst. fém.Plante herbacée vivace, à rameaux rampants et feuilles ovales de différentes couleurs. Les suspensions, vues de bas en haut, contiendront surtout des plantes retombantes (...) lierres, lobélias, bégonias et misères (Savoir tout faire au jardin, Paris, Sélection du Reader's Digest, 1980, p.25).Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1908 «orpin» (VERR.-ON.). V. misère1.
misère [mizɛʀ] n. f.ÉTYM. XIIIe; miserie, v. 1120; lat. miseria, de miser « malheureux ».❖1 (V. 1120). Vieilli ou littér. Sort digne de pitié; malheur extrême. ⇒ Adversité, détresse, infortune, malheur. || Sa misère l'aigrit (cit. 7). || Deux cœurs qu'assemblait (cit. 19) leur misère. || La misère de la vie (→ Journalier, cit. 1), des temps. || Misère morale (→ Douleur, cit. 20; élément, cit. 1). — Jours de misère. || Malade sur son lit de misère. || Quelle misère !1 Il y a des misères sur la terre qui saisissent le cœur (…)La Bruyère, les Caractères, VI, 47.2 Il n'est pas inutile de dire aux étrangers que misère est en poésie un terme noble qui signifie calamité et non pas indigence.Voltaire, Commentaires sur Corneille, Rem. sur Horace, I, 4.♦ Interj. || Misère ! (→ Boulanger, cit. 1). || Misère de moi ! misère de ma vie ! ⇒ Malheur.3 Ah ! misère de moi ! est-ce que ça ne finira pas ! Mais la mort vaudrait mieux !Flaubert, la Tentation de saint Antoine, I.➪ tableau Principales interjections.♦ ☑ Loc. fam. Collier de misère.2 (Une, des misères). Ce qui rend le sort de qqn digne de pitié; événement malheureux, douloureux, pénible. ⇒ Calamité, chagrin, disgrâce, malheur, peine (→ Heureux, cit. 32, La Bruyère; insensibilité, cit. 4, Vauvenargues). || C'est une grande misère, il n'est pire misère que… (→ Jugement, cit. 14). || Les misères humaines, les misères de la vie (→ Extrémité, cit. 7). || Compassion aux misères d'autrui. ⇒ Miséricorde (→ Compatir, cit. 5). || Misères endurées (cit. 2), subies. || Braver (cit. 8) les misères… || Foule grouillante (cit. 1) de misères hideuses. ⇒ Laideur. || Les misères de la guerre (cit. 11 et 23). — Petites, menues misères. ⇒ Ennui (→ Écarter, cit. 10; grossir, cit. 13).4 Les grandes misères sont féroces, elles frappent plutôt les faibles; elles maltraitent les enfants, les femmes bien plus que les hommes.Michelet, Hist. de la Révolution franç., II, VIII.5 Car toutes nos misères véritables sont intérieures et causées par nous-mêmes. Nous croyons faussement qu'elles viennent du dehors, mais nous les formons au-dedans de nous de notre propre substance.France, le Mannequin d'osier, Œ., t. XI, I, p. 227.♦ Spécialt. || Misères physiques. || Les misères de l'âge, de la vieillesse. ⇒ Incommodité.6 Les vraies misères, ce sont les maladies, les laideurs et la vieillesse; ni vous ni moi, nous n'avons ces misères-là; nous pouvons avoir encore une foule de maîtresses, et jouir de la vie.Loti, Aziyadé, II, X.7 Je plains l'homme sensible et un peu poltron qui est aimé, choyé, couvé, soigné de cette manière-là. Les petites misères de chaque jour, coliques, toux, éternuements, bâillements, névralgies, seront bientôt pour lui d'effroyables symptômes, dont il suivra le progrès, avec l'aide de sa famille (…)Alain, Propos, 30 mai 1907, Sollicitude.♦ Au plur. Tracasserie. ☑ Faire des misères à qqn, le tracasser, le taquiner. ⇒ Malice, méchanceté, mistoufle, taquinerie (→ Majeur, cit. 7).3 (Mystique). Se dit de la condition de l'homme, de son néant. ⇒ Bassesse, faiblesse, impuissance (→ Humble, cit. 9). || La gloire (cit. 11) voile la misère de l'homme. — Misère de l'homme sans Dieu et grandeur (cit. 21, Voltaire) de l'homme avec Dieu, selon Pascal (→ Argument, cit. 2; aveugle, cit. 7; effroi, cit. 1; incarnation, cit. 2; indigne, cit. 11; iniquité, cit. 3).8 (…) il est également dangereux à l'homme de connaître Dieu sans connaître sa misère, et de connaître sa misère sans connaître le Rédempteur qui l'en peut guérir.Pascal, Pensées, VIII, 556.♦ Les misères de l'homme (→ Déposséder, cit. 1; divertissement, cit. 1; élever, cit. 22; enseigner, cit. 15, Pascal). || Le Christ s'est revêtu de nos misères (→ Humanité, cit. 4, Bernanos).4 (1611). Cour. Extrême pauvreté, pouvant aller jusqu'à la privation des choses nécessaires à la vie. ⇒ Besoin, débine, dèche (fam.), dénuement, gêne, gueuserie, indigence, mouise (fam.), panne, pauvreté, pénurie; et fig., boue, crasse, crotte, mélasse, mouscaille, panade, pastis, purée (→ Endetter, cit. 1; épreuve, cit. 29; gueux, cit. 7). || Être, tomber dans la misère (→ Être sur la paille, et fam., être à fond de cale, tirer la langue, manger de la vache enragée). || Affameur qui réduit à la misère. || Enfoncer (cit. 12), plonger dans la misère. ☑ Être dans la misère jusqu'au cou; crever (cit. 17) de misère. || Se colleter avec, se débattre contre la misère. || Sortir qqn de la misère. — Misère et bien-être (cit. 8) et opulence (→ Braver, cit. 7). — L'avilissement (cit. 9) par la misère. — Misère cachée, secrète (→ Gratification, cit. 5). ☑ Misère dorée, cachée par une apparence d'aisance (→ Inclémence, cit. 4). ☑ Misère noire, très grande misère. || Effroyable (→ Affamer, cit. 4), épouvantable (→ Famine, cit. 2), insondable (cit. 2) misère. || Misère générale (→ Captif, cit. 2; criant, cit. 1), universelle. || La misère des peuples (→ Fournir, cit. 10). || L'égalité (cit. 10) des misères.9 Quatre chercheurs de nouveaux mondes (…)Demandaient aux passants de quoiPouvoir soulager leur misère.La Fontaine, Fables, X, 15.10 Dans l'extrême misère, on se trouve riche de peu. Un gueux qui trouve un écu est plus affecté que ne le serait un riche en trouvant une bourse d'or.Rousseau, Rêveries…, IXe promenade.11 Enfin, là règne la misère sans poésie; une misère économe, concentrée, râpée. Si elle n'a pas de fange encore, elle a des taches; si elle n'a ni trous ni haillons, elle va tomber en pourriture.Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 852.12 Si pour beaucoup d'hommes la misère est un tonique, il en est d'autres pour qui elle est un dissolvant, et le comte fut de ceux-ci.Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 810.13 Voilà ce que c'est que la misère. On a beau s'en moquer, avoir un corps de cheval pour la supporter, un courage d'esclave pour le travail, elle vous avilit, elle donne le droit aux butors qui ont de l'argent de vous insulter et de vous plaindre.G. Sand, Lettres à Musset, IX, 26 juin 1834.14 Tant qu'il existera (…) une damnation sociale créant (…) en pleine civilisation, des enfers (…) tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l'homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l'atrophie de l'enfant par la nuit, ne seront pas résolus (…) tant qu'il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles.Hugo, les Misérables, Préface.15 La pauvreté peut galvaniser des courages, développer dans le cœur un sentiment de fraternité devant les menaces, de charité authentique qui est fréquent chez les gens du peuple et qui se raréfie à mesure qu'on gravit les barreaux de l'échelle bourgeoise. Mais la misère agit à la façon d'un acide : elle corrode tout. Au dernier degré, le misérable est comme la bête qui ne connaît que sa faim.Daniel-Rops, Ce qui meurt…, p. 137.♦ ☑ De misère : misérable. || Salaire de misère, métier de misère.5 Méd. || Misère physiologique : état d'une personne gravement sous-alimentée. ⇒ Dénutrition.16 (…) elle se trouvait au dernier degré de ce que les savants nomment la misère physiologique. Elle était maigre et même décharnée.G. Duhamel, Récits des temps de guerre, Lieu d'asile, XIV.♦ Par ext. (Choses). État d'abandon, de dégradation. || La misère d'une ville (→ Aspect, cit. 17), d'une maison…6 Rare. Caractère de ce qui est digne de mépris (⇒ Misérable, 3.); insignifiance. || L'éternelle misère de tout (→ Fugacité, cit. 1; idéal, cit. 2).17 L'amour est gai, vif, sans retenue (…) Piètres amants, les muets, les graves, les figés, les cérémonieux. Misère d'une partenaire de ce genre.Paul Léautaud, Propos d'un jour, p. 16.7 (Une, des misères). a (Av. 1719). Chose de peu d'importance, de peu de valeur. ⇒ Babiole, bagatelle, vétille. || Les misères appelées félicités (→ Gaspiller, cit. 3). || Une misère !18 Châtelet lui apprit que son appartement ne lui coûtait que six cents francs par mois. — Une misère, dit-il (…)Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 600.19 Le bel intérieur de conscience à montrer ! que de misères mises au jour.Marivaux, le Paysan parvenu, Ve partie, p. 253.❖CONTR. Aise, bonheur, félicité. — Santé. — Grandeur. — Abondance, aisance, bien-être, fortune, opulence, richesse. — Importance. — Noblesse.DÉR. Miséreux.COMP. Cache-misère.
Encyclopédie Universelle. 2012.